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Chez les batraciens qui utilisent la peau pour respirer et réguler leur niveau d'eau dans le corps, l'infection finit par générer une insuffisance cardiaque qui conduit à la mort © Alcide d’Orbigny Museum/AFP/Archives HO

Une maladie mortelle touchant les amphibiens s’est transformée en une « épidémie mondiale » qui a déjà causé la disparition de 90 espèces, a averti jeudi le biologiste américain Jonathan Kolby lors du Congrès international sur la santé de la faune aquatique à Santiago.

La quitridiomicosis est une maladie causée par un champignon qui attaque la peau des grenouilles, des crapauds et d’autres batraciens, en leur faisant produire une quantité anormale de kératine, la protéine de base de l’épiderme. Chez ces animaux qui utilisent la peau pour respirer et réguler leur niveau d’eau dans le corps, l’infection finit par générer une insuffisance cardiaque qui conduit à la mort. « C’est le premier cas d’une épidémie mondiale pour une maladie de la faune. Actuellement plus de 60 pays sont concernés », explique Jonathan Kolby, co-auteur d’une étude publiée le 29 mars dans la revue Science sur les effets dévastateurs du champignon Batrachochytrium dendrobatidis.

Au cours des cinq dernières années, la maladie, extrêmement contagieuse, a entraîné la disparition de 90 espèces et en a mis en péril plusieurs autres ; plus de 500 espèces sont concernées. La rapide propagation du champignon dans le monde est due à l’absence de règles pour le commerce des animaux et le manque de surveillance dans les aéroports, ce qui facilite l’entrée d’espèces sans aucun contrôle vétérinaire.

« Nous devons nous concentrer sur les régulations commerciales pour résoudre ce problème », estime le chercheur américain, qui a participé à l’étude avec une quarantaine d’autres spécialistes internationaux. Rien qu’aux États-Unis, plus de cinq millions d’amphibiens entrent dans le pays chaque année, rappelle le scientifique. « La mondialisation est bonne pour les humains, mais elle a des conséquences pour les animaux », souligne-t-il.

Pour l’heure, l’Australie et les pays d’Amérique latine sont ceux où la maladie est la plus répandue. Les échanges entre ces pays et l’Asie, d’où est originaire le champignon, seraient à l’origine de sa propagation. Les scientifiques émettent également l’hypothèse d’une mutation génétique du champignon qui l’aurait rendu plus dangereux. Les amphibiens ont un rôle majeur pour la conservation de la qualité des milieux aquatiques. Ils se nourrissent aussi de moustiques, vecteurs de maladies pour l’humain telles que le paludisme et le zika.