Des aqueducs précolombiens verdissent encore les vallées arides du Pérou
Publié le - par LeBlob.fr, avec l’AFP
Vu du ciel, il forme d’étonnantes spirales : un ingénieux système d’aqueducs bâti il y a 1700 ans environ dans le sud du Pérou irrigue toujours les vallées arides de Nazca, célèbres également pour leurs mystérieux géoglyphes.
Construit à 450 km au sud de Lima, ce système d’irrigation millénaire que l’on devrait à l’ancienne civilisation Nazca se compose de 42 aqueducs dont 29 transporteraient encore vers les terres agricoles l’eau des nappes phréatiques et des rivières descendant des montagnes enneigées. Les spirales visibles depuis le ciel sont en réalité des « puits » de jusqu’à 15 mètres de profondeur permettant d’accéder aux galeries souterraines via une rampe hélicoïdale.
Ces puits servaient aux opérations de manutention afin de « maintenir un régime d’écoulement uniforme », indique un document du ministère de la Culture de 2019, date depuis laquelle l’ouvrage figure sur la liste indicative de l’Unesco en vue de son inscription au patrimoine mondial. Les galeries souterraines ont été réalisées avec des pierres et des poutres de huarango, un arbre millénaire de la côte péruvienne. A leur extrémité, un réservoir permet de puiser l’eau.
Le système, qui se compose également de canaux à la surface, est toujours utilisé pour irriguer les cultures maraîchères et les arbres fruitiers d’une des régions les plus arides de la planète.
Ce système « nous aide à irriguer tous nos champs », assure Nicolas Quispe, un paysan de la région de 39 ans. Quelque 900 familles de petits agriculteurs de trois vallées bénéficient de l’ouvrage qui achemine entre 18 et 20 litres d’eau par seconde. « Grâce à ce système hydraulique, comme vous pouvez le voir, toute la vallée est verdoyante », note auprès de l’AFP l’archéologue Abdul Yalli du ministère de la culture, lors d’une visite de l’ouvrage.
« Sans ce système, une civilisation comme la culture Nazca n’aurait pas été possible », souligne-t-il, expliquant que les rivières de la région sont à sec la majeure partie de l’année. « C’est unique dans toute l’Amérique du Sud », ajoute Johny Isla, responsable de ce patrimoine au sein du ministère.
« Il s’agit d’une œuvre d’art, d’architecture et d’ingénierie », souligne Jorge Lopez-Doriga, directeur de la communication du groupe péruvien AJE, qui soutient les autorités locales dans la mise en valeur de l’ouvrage.
La civilisation Nazca serait également à l’origine des mystérieuses figures géantes représentant animaux, plantes, êtres fantastiques et figures géométriques visibles uniquement du ciel et découvertes dans la région il y a un peu plus d’un demi-siècle. Les « lignes de Nazca », ainsi qu’on les nomme, sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994.