Dans le Jura, une station « pionnière » face au changement du climat
Publié le - par Le Blob, avec l'AFP
Saluée par la Cour des comptes pour sa proactivité face au réchauffement climatique, la station jurassienne de Métabief (Doubs) a pris acte de la fin annoncée du ski alpin. Elle travaille désormais à un « Master Plan » pour réussir sa transition. Ciel clair, mercure frôlant le zéro mais un paysage d'herbe et de sapins où l'on cherche désespérément du blanc : en cette matinée de la fin février, en pleines vacances scolaires, point de neige dans cette station de moyenne montagne (ses 40 km de pistes s'étirent de 900 à 1.400 mètres) du Haut-Doubs, à un jet de pierre de la Suisse.
Les derniers flocons remontent à la mi-février. Au bas de la station, les reliquats de neige ont été savamment conservés pour former une piste bordée de verdure sur laquelle s'essaient des enfants et des adolescents débutants. « On jongle avec les aléas météo tout en maintenant du ski jusqu'à maintenant », explique le directeur Sylvain Philippe. Une situation tout sauf inédite pour la plus grande station du massif. Comme toutes ses homologues de moyenne montagne, Vosges ou Massif Central, elle subit de plein fouet le réchauffement climatique.
Dans un récent rapport, la Cour des comptes a épinglé le modèle économique global du ski français, peu préparé à affronter le défi climatique. Un document fraîchement accueilli par beaucoup de stations mais qui délivre un satisfecit à Métabief (prononcer « Métabié ») pour sa démarche « assez avancée » sur la transition.
Une étude « ClimSnow » estime la viabilité du ski alpin à Métabief en 2050 « à zéro ». En 2020, le SMMO acte la fin du ski alpin à l'horizon 2030-2035.C’est une onde de choc dans un territoire biberonné depuis des décennies à la neige et au ski. En haute saison, Métabief emploie environ 130 personnes, sans compter les activités annexes (restauration, logement...).
« Il a fallu préparer un terrain au renoncement » et au « deuil », résume Philippe Alpy, président du Syndicat mixte du Mont d'Or (SMMO), qui gère Métabief. Les investissements sont alors réduits au strict nécessaire. La station opte pour des solutions alternatives d'entretien des remontées mécaniques. En parallèle, Métabief, qui entend poursuivre l'activité ski tant qu'elle sera possible, s'oriente vers le « quatre saisons » et réalise des investissements ciblés pour des activités à l'année, comme une luge sur rail.
Cheffe de projet « Transition touristique » pour le Haut-Doubs, Claire Leboisselier met depuis deux ans en musique la réflexion autour de la mue de Métabief en aidant les acteurs locaux. L'objectif, est de transformer une station de ski en « station de montagne », prolonge M. Alpy. Une réflexion au long cours qui va déboucher au premier semestre 2024 sur un « Master Plan » proposant des solutions et des orientations pour les années à venir.
Alors, Métabief, modèle pour les autres stations ? « Beaucoup de territoires nous sollicitent », reconnaît Philippe Alpy. Pour autant, la station n'a pas « la prétention d'avoir une solution concrète, à la limite peut-être une méthode de co-construction, de dynamique de territoire », estime le directeur de la station Sylvain Philippe.
« On a été les premiers » à dire les choses « publiquement », analyse-t-il. Mais les solutions applicables à Métabief ne pourront « en aucun cas être plaquées » à une autre station « Chaque territoire aura sa propre démarche à faire ».