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Une centrale électrique près de Peitz, en Allemagne, le 30 novembre 2019 © AFP John MacDougall

L'humanité a presque atteint le « point de non-retour » climatique, mais la 25e conférence climat de l’Onu (COP25), à partir de ce lundi à Madrid, risque de ne pas répondre aux appels pressants à des actions immédiates et radicales.



Rapports alarmants des scientifiques, désobéissance civile de citoyens, défilés de jeunes... Depuis un an, les pays signataires de l’accord de Paris sont la cible d’une pression sans précédent que résume le mot d’ordre de ces deux semaines de réunion : #TimeforAction.



« Nous ne pouvons plus remettre à plus tard l’action climatique », a redit la ministre espagnole de l’environnement, Teresa Ribera, dont le pays accueille au pied levé la COP25 après le désistement du Chili, qui assure toutefois sa présidence. Ce même message a été martelé sans relâche par l’Onu à l’approche du rendez-vous.

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Antonio Guterres, le secrétaire général de l’Onu, en conférence de presse à la veille de l’ouverture de la COP25 à Madrid, le 1er décembre 2019 © AFP/Cristina Quicler

« Le point de non-retour n’est plus loin à l’horizon, il se rapproche de nous à toute vitesse », a déclaré dimanche son secrétaire général, Antonio Guterres, dénonçant des engagements « totalement insuffisants » contre le réchauffement.



« Depuis des décennies, l’espèce humaine est en guerre contre la planète et la planète rend coup pour coup. Nous devons mettre fin à notre guerre contre la nature », a-t-il lancé.

Chaque degré compte

Quelques jours plus tôt, le programme de l’Onu pour l’environnement (PNUE) portait un coup aux espoirs d’atteindre l’objectif idéal de l’accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Il faudrait pour cela réduire les émissions de CO2 de 7,6 % par an, chaque année dès l’an prochain et jusqu’à 2030. Alors qu’il n’y a aucun signe qu’elles commencent à baisser.

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Record de concentration de gaz à effet de serre en 2018 © AFP Simon Malfatto, Paz Pizarro

Le monde a déjà gagné environ 1 °C, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter l’ampleur des dérèglements.



Or au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu’à 4 ou 5 °C d’ici à la fin du siècle. Et même si les États respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3 °C.



« Ce qui manque toujours, c’est la volonté politique », a déploré Antonio Guterres, pointant en particulier du doigt, sans les nommer, les pays les plus émetteurs de CO2, « qui ne font pas leur part ».



« Certains pays comme la Chine et le Japon donnent des signes de leur réticence à augmenter leur ambition », a estimé Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris.



Quant aux Éats-Unis, ils viennent de confirmer leur retrait de cet accord l’an prochain, même si le « peuple américain » est engagé contre le changement climatique, a assuré l’influente présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, qui devrait être lundi à Madrid.

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Le président américain Donald Trump à la base américaine de Bagram (Afghanistan), le 28 novembre 2019 © AFP/Archives Olivier Douliery

Les yeux vers l’UE

Dans ce contexte, les yeux se tournent vers l’Union européenne et son tout nouvel exécutif qui sera présent lundi, aux côtés d’une quarantaine de chefs d’État et de gouvernements, dont une quinzaine de l’UE.

La Commission européenne, dont la nouvelle présidente Ursula Von der Leyen s’est engagée pour un « green deal » européen, « est le nouvel élément politique de la COP25 », note ainsi Mme Tubiana. Elle espère que, lors du sommet européen des 12 et 13 décembre, les 28 pourront s’entendre sur l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050.

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La nouvelle présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen, à Bruxelles le 1er décembre 2019 © AFP Kenzo Tribouillard

Mais même dans ce cas, il faudra encore attendre 2020 pour que l’UE présente une révision de ses ambitions à plus court terme.



Aujourd’hui, seuls 68 pays se sont engagés à revoir à la hausse leurs engagements de réduction d’émissions de CO2 en 2020, avant la COP26 à Glasgow. Mais ils ne représentent que 8 % des émissions mondiales, selon les experts.



« Les décideurs doivent montrer qu’ils se préoccupent des communautés vulnérables les plus à risque, et pas des industries puissantes et motivées par le profit », a plaidé Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International.



Outre les actions, les pays du Sud attendent de leur côté plus d’aide et de soutien des pays du Nord pour faire face aux impacts du changement climatique.



« Nous appelons ceux qui sont le plus responsables de cette crise à honorer leurs responsabilités envers les plus vulnérables, en ne sacrifiant pas les États insulaires en voie de développement », a ainsi plaidé le groupe Aosis, représentant ces petites îles particulièrement menacées par la montée des océans.