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Des participants arrivent pour la session d’ouverture de la COP16 sur la désertification et la dégradation des terres, le 2 décembre 2024 à Ryad, en Arabie saoudite © AFP Fayez Nureldine

La COP16, conférence de l’ONU sur la désertification et la dégradation des terres, s’est ouverte lundi en Arabie saoudite après que des experts ont tiré la sonnette d’alarme sur les graves conséquences de la déforestation et de l’agriculture intensive pour la planète. À l’ouverture de cette 16e réunion des parties à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de l’organisation, a appelé à « adopter une approche globale tenant compte des liens étroits entre désertification, perte de biodiversité et changement climatique ». 

La conférence, qui se déroulera jusqu’au 13 décembre à Ryad, a été présentée par le patron de l’ONU, Antonio Guterres, comme un « moment décisif » dans le combat contre la sécheresse et l’avancée des déserts.

La dernière réunion, qui s’était tenue en 2022 en Côte d’Ivoire, avait débouché sur un engagement à « accélérer la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées », soit des sols endommagés par des activités humaines comme la pollution ou la déforestation, d’ici à 2030. Mais la CNULCD, qui réunit 196 pays et l’Union européenne, estime désormais qu’il faudrait restaurer 1,5 milliard d’hectares avant la fin de la décennie, un défi colossal à l’échelle mondiale.

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Le parc national d’Al-Ghat, en Arabie Saoudite, le 28 novembre 2024 © AFP/Archives Fayez Nureldine

À la COP16 désertification de lundi, l’enjeu est de parvenir à un consensus sur la nécessité d’accélérer la restauration des terres dégradées et de développer une approche « proactive » des sécheresses, a expliqué à l’AFP Ibrahim Thiaw. « Nous avons déjà perdu 40 % de nos terres et de nos sols » et cette perte a des conséquences sur l’insécurité alimentaire et les migrations, a-t-il déclaré. « La sécurité mondiale est vraiment en jeu (…) pas seulement en Afrique et au Moyen-Orient », a insisté M. Thiaw. 

La veille de l’ouverture des discussions de la COP16 en Arabie saoudite, qui abrite l’un des plus grands déserts du monde, un nouveau rapport publié par des scientifiques et la CNULCD a mis en évidence le lourd fardeau que l’agriculture fait peser sur la planète. « Nous sommes au bord d’un précipice et devons décider de reculer et prendre des mesures de transformation ou continuer sur un chemin de changements irréversibles en matière d’environnement », soulignent Ibrahim Thiaw et Johan Rockstrom, directeur de l’Institut de recherche de Potsdam sur le climat, dans la préface du rapport.

Fin novembre, la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, s’est clôturée sur une promesse des pays riches de verser 300 milliards de dollars d’ici 2035 aux pays les moins développés pour le financement climatique, une somme jugée insuffisante par les Etats pauvres, qui sont aussi les plus vulnérables au dérèglement du climat. Et début novembre en Colombie, les participants de la COP16 Biodiversité ont échoué à parvenir à un accord financier sur la protection de la nature. 

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Vue aérienne d’indigènes Yagua transportant à pied de l’eau et des marchandises en raison du faible niveau du fleuve Amazone à Isla de los Micos, dans le département d’Amazonas, le 4 octobre 2024 en Colombie © AFP/Archives Luis Acosta

Durant la COP29, l’Arabie saoudite, principal exportateur de pétrole mondial, a été accusée d’avoir empêché la mention des énergies fossiles dans l’accord final. Enfin, les négociations menées pendant une semaine à Busan, en Corée du Sud, pour parvenir à un traité mondial contre la pollution plastique, ont échoué dimanche face à l’opposition d’un groupe de pays pétroliers, menés par la Russie, l’Arabie Saoudite et l’Iran. 

Si le royaume du Golfe est critiqué pour les émissions générées par son immense production pétrolière, sa vulnérabilité face à la désertification pourrait lui donner plus de crédibilité dans les négociations à Ryad. « Nous sommes exposés à la forme la plus sévère de dégradation des sols, la désertification », a affirmé à l’AFP le ministre adjoint de l’Environnement saoudien, Osama Faqeeha. « Nos terres sont arides. Nos précipitations très faibles », a ajouté le responsable saoudien dont le pays, a-t-il dit, s’est fixé l’objectif de restaurer 40 millions d’hectares. 

Des milliers de délégués, dont près de 100 ministres, sont attendus à la COP16, selon M. Thiaw. Matthew Archer, professeur adjoint à l’université de Maastricht, aux Pays-Bas, a quant à lui exprimé son scepticisme quant aux discussions sur la désertification. Selon lui, elles font partie de la « mascarade des COP, totalement incapables de susciter une action politique adéquate face aux crises socio-écologiques actuelles : je ne m’attends pas à ce que la COP16 offre une solution viable à la désertification ».