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Incendies en Amazonie, dans l’État brésilien du Para, le 27 août 2019 © AFP/Archives Joao Laet

L’année 2019, avec son lot de catastrophes climatiques, s’inscrira parmi les trois années les plus chaudes enregistrées depuis 1850 et conclut une décennie « de chaleur exceptionnelle », a averti mardi 3 décembre l’ONU, nouvelle alerte de la science en pleine COP25 à Madrid.

« L’année 2019 marque la fin d’une décennie de chaleur exceptionnelle, de recul des glaces et d’élévation record du niveau de la mer à l’échelle du globe, en raison des gaz à effet de serre produits par les activités humaines », selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

« 2019 devrait se placer au deuxième ou troisième rang des années les plus chaudes jamais enregistrées » depuis 1850, date à laquelle ont débuté les relevés systématiques de températures.

« 2016, qui a débuté avec un épisode El Niño d’intensité exceptionnellement forte, reste l’année la plus chaude », précise l’OMM, en référence au courant équatorial chaud du Pacifique.

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Carte mondiale des variations des températures moyennes de janvier à octobre 2019 par rapport à la moyenne de 1981-2010 selon un rapport provisoire de l’Organisation météorologique mondiale © AFP Gal ROMA

L’élévation du niveau moyen de la mer s’accélère, l’océan devient plus acide, la banquise arctique recule, la calotte glaciaire du Groenland fond. Ce réchauffement s’est aussi accompagné de phénomènes climatiques extrêmes, comme les inondations en Iran, les sécheresses en Australie et en Amérique centrale, les canicules en Europe et en Australie ou les feux de forêt qui ont touché la Sibérie, l’Indonésie et l’Amérique du Sud.

Selon l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), plus de 10 millions de personnes ont été déplacées dans leur propre pays au premier semestre, dont sept à cause de catastrophes climatiques.

Les inondations en sont la première cause, devant les tempêtes et les sécheresses. Les régions les plus touchées sont l’Asie et le Pacifique. « Le nombre de nouveaux déplacements liés à des phénomènes météorologiques extrêmes pourrait plus que tripler pour atteindre environ 22 millions (de personnes) à la fin de 2019 », relève l’OMM.

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Graphique montrant les anomalies de température mensuelles depuis 1880, selon la NOAA © AFP Simon MALFATTO

 Famine

« Les vagues de chaleur et les inondations, qui frappaient jadis +une fois par siècle+, se produisent de plus en plus régulièrement. Des Bahamas au Japon, en passant par le Mozambique, des pays ont subi les effets dévastateurs des cyclones tropicaux. Les feux de forêt ont balayé l’Arctique et l’Australie », rappelle Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM, cité dans le communiqué.

Le secrétaire général de l’OMM insiste aussi sur la « pluviométrie plus irrégulière » qui, combinée à la croissance démographique, « posera des défis considérables en matière de sécurité alimentaire pour les pays vulnérables ».

Depuis 2018, la faim est de nouveau en hausse dans le monde, avec plus de 820 millions de personnes qui en ont souffert.

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Sécheresse dans le delta d’Okavango, le 28 septembre 2019 au Botswana © AFP/Archives MONIRUL BHUIYAN

L’agence onusienne se base sur les températures relevées entre janvier et octobre pour son bilan provisoire pour 2019, qui sera finalisé en mars 2020. Sur dix mois, la température moyenne mondiale a été plus élevée d’environ 1,1 °C comparé à la période pré-industrielle.

Ce réchauffement est à lier à des « niveaux de CO2 (qui) ont continué d’augmenter en 2019 », selon des données en temps réel sur un certain nombre de sites. 2019 s’inscrit dans la décennie 2010-2019 qui est « presque certainement » la plus chaude jamais enregistrée.

« Depuis les années 1980, chaque décennie successive a été plus chaude que la précédente », relève l’OMM. Au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu’à 4 ou 5 °C d’ici à la fin du siècle. Et même si les États respectent les engagements déjà pris, la hausse du mercure pourrait dépasser 3 °C, quand l’accord de Paris de 2015 prévoit de limiter le réchauffement climatique mondial bien en-dessous de 2 °C, voire à 1,5 °C.

« Nous n’avons plus de temps à perdre », a réagi Stephen Cornelius, du WWF, en référence aux négociations en cours depuis lundi à la COP25 à Madrid. Les États « n’ont pas d’excuse pour bloquer des avancées ou traîner des pieds quand la science montre qu’il est urgent d’agir », a ajouté Kat Kramer de l’ONG Christian Aid.

Pour Petteri Taalas, même si les émissions de gaz à effet de serre et les températures continuent d’augmenter, « le monde bouge et le problème est compris ». « Il n’y a pas de raison d’être totalement pessimiste », a-t-il assuré devant la presse à Madrid.