Climat : le deuxième volet du rapport du GIEC en cours d’adoption
Publié le - par LeBlob.fr, avec l’AFP
Alors que le réchauffement de la planète s’accélère, « les enjeux n’ont jamais été aussi élevés », a mis en garde lundi le patron des experts climat de l’ONU en lançant le processus d’adoption d’un nouveau rapport de référence sur les impacts du changement climatique. Après plus d’un siècle et demi de développement économique consacrant les énergies fossiles, le monde a gagné environ 1,1 °C par rapport à l’ère pré-industrielle.
Dans le premier volet de leur rapport publié en août dernier, les experts climat de l’ONU (GIEC) estimaient que le mercure atteindrait autour de 2030 – soit dix ans plus tôt qu’escompté – le seuil de +1,5 °C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. Avant un troisième opus en avril sur les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le deuxième volet, dont les négociations débutent lundi, se penche sur les impacts du réchauffement et les manières de s’y préparer (« l’adaptation »). Il doit décliner ces conséquences sur tous les continents et dans tous leurs aspects : santé, sécurité alimentaire, pénurie d’eau, déplacement de populations, destruction des écosystèmes…
« Les besoins (pour ce rapport) n’ont jamais été plus importants, parce que les enjeux n’ont jamais été aussi élevés », a déclaré le président du GIEC, Hoesung Lee, lors d’une brève session en ligne ouvrant deux semaines de négociations à huis clos.
Environ « 4,5 milliards d’habitants de cette planète ont subi une catastrophe liée à un événement météo ces 20 dernières années », a ajouté le patron de l’Organisation météo mondiale, Petteri Taalas, en pointant du doigt les énergies fossiles qui ont « dopé » l’atmosphère en renforçant l’effet de serre. Une version préliminaire du rapport, que l’AFP avait obtenue en juin dernier, montrait que la vie telle que nous la connaissons allait inéluctablement être transformée et ce à court terme.
Sur presque tous les continents, le monde voit déjà de ses propres yeux les catastrophes à l’œuvre. Comme l’an dernier avec les flammes ravageant l’Ouest américain, la Grèce ou la Turquie, des flots submergeant des régions d’Allemagne ou de Chine, ou un thermomètre qui frôle 50 °C au Canada. Et « nous savons (…) que la croissance des impacts climatiques dépasse de loin nos efforts pour s’y adapter », a insisté lundi la patronne de l’ONU-Environnement Inger Andersen, qualifiant ce nouveau rapport de « capital pour aider les décideurs mondiaux à dessiner les réponses aux impacts climatiques ».
Face à la litanie des catastrophes et à la nécessité de réduire les émissions de près de 50 % d’ici à 2030 pour ne pas dépasser +1,5 °C, le monde a promis, lors de la COP26 de Glasgow, en novembre, d’accélérer la lutte contre le réchauffement et de financer davantage les mesures d’adaptation. « Pas assez » pour éloigner « la catastrophe climatique qui frappe toujours à la porte », avait réagi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Alors que les États sont appelés à revoir leurs ambitions à la hausse d’ici la COP27 en Egypte, fin 2022, « j’espère que ce rapport sera un bon coup de pied où je pense pour certains », a déclaré vendredi à l’AFP l’envoyé américain pour le climat John Kerry. Il « va intégrer plus fortement les sciences économiques et sociales, et il fournira aux décideurs des données et des connaissances pour les aider à élaborer des politiques et prendre des décisions », a également souligné lundi Hoesung Lee.
C’est le 28 février que sera dévoilée cette nouvelle évaluation du Giec, après deux semaines de réunion virtuelle des 195 États membres qui passeront au crible, ligne par ligne, le « résumé pour les décideurs », condensé politiquement sensible des milliers de pages du rapport scientifique.
Évolution comparée au précédent rapport d’il y a sept ans, l’attention portée à « l’adaptation », c’est-à-dire les solutions pour faire face aux impacts des dérèglements climatiques. Ce « n’est pas simplement une liste de courses de ce qui pourrait être fait, mais également une évaluation de l’efficacité et de la faisabilité » des mesures, a expliqué la semaine dernière Debra Roberts, co-présidente du groupe de 270 scientifiques ayant préparé ce rapport.
Car « il y a des limites à l’adaptation », souligne à l’AFP le climatologue Laurent Bopp, un des auteurs du rapport, évoquant les risques de migrations importantes de populations. « Dans certaines zones, si les températures dépassent des niveaux très élevés, la vie humaine n’est plus possible. Si dans certaines zones côtières, le niveau des mers monte de plus d’un mètre, la protection avec des digues n’est plus possible non plus ».