Ce qui attend l'astronaute français Thomas Pesquet à son retour sur Terre
Publié le - par Le Blob.fr, avec l'AFP
Après six mois en orbite, l'astronaute français Thomas Pesquet s'apprête à quitter l'apesanteur de la Station spatiale internationale pour retrouver la gravité terrestre. Amerrissage inédit, batterie de tests médicaux, programme de remise en forme : le voyage retour s'annonce intense.
« Splashdown »
Les quatre membres d'équipage de Crew-2 seront ramenés sur Terre par la capsule Dragon de Space X. Après sa rentrée dans l'atmosphère, le vaisseau effectuera une descente vertigineuse qui prendra fin en mer, quelque part au large de la Floride, mardi à 03H33 GMT selon les dernières informations de la NASA. Cet amerrissage est une première pour Thomas Pesquet, qui en 2017 avait atterri dans les steppes kazakhes avec le Soyouz russe.
« On va descendre 8 ou 9 mètres par seconde, c'est assez rapide et beaucoup plus fort qu'un avion qui atterrit dans l'eau », a expliqué l'astronaute sur la radio France Inter. Une fois que la capsule aura « tapé » la surface de la mer (« splashdown » en anglais), elle flottera, et l'équipage sera récupéré au plus vite par des navires positionnés à proximité. L'arrivée risque de tanguer un peu: « On a déjà un peu le mal de mer en rentrant sur terre, donc là ça risque d'être encore pire », anticipe Thomas Pesquet. L'équipe médicale sur place a prévu les soins nécessaires pour éviter une déshydratation en cas de nausées trop importantes, précise Adrianos Golemis, le médecin de la mission Alpha.
Halte à Houston et vol pour l'Europe
Un hélicoptère ramènera les « Crew 2 » sur la terre ferme, d'où ils prendront un avion pour le centre spatial de la Nasa à Houston (Texas). Thomas Pesquet, 43 ans, y subira de rapides tests médicaux. « On va surveiller sa tension artérielle qui risque d'être basse car en apesanteur, le sang a circulé dans un sens différent », explique le Dr Golemis. Il subira aussi des examens neurologiques : son corps ayant flotté six mois durant, son système d'équilibre devra se réhabituer à la gravité, et réapprendre à se tenir debout. « Comme un petit enfant qui apprend à faire du vélo », dit Franck De Winne, chef des astronautes de l'Agence spatiale européenne (ESA). Il faut donc soutenir les astronautes à leur retour pour empêcher toute chute, d'autant qu'ils ont perdu en densité osseuse, augmentant le risque de fracture.
Également au menu : des tests pour détecter les infections, notamment au Covid-19. Les astronautes ont beau s'être vaccinés avant leur départ, leur système immunitaire sera affaibli après leur séjour spatial, et mettra deux semaines à récupérer. Une fois terminé ce « check-up » (environ deux heures), le Français dira au revoir à ses co-équipiers japonais et américains, qui eux resteront à Houston. Il s'envolera pour Cologne, en Allemagne, où se trouve le Centre européen des astronautes. Remise en forme Trois semaines d'intense programme de réhabilitation physique l'attendent. « La priorité, c'est d'être certain qu'il retrouve ses fonctions et reste en bonne santé », souligne l'astronaute belge Franck de Winne, qui dirige le centre. Thomas Pesquet fera peu à peu retravailler les muscles soutenant la colonne vertébrale, inactivés pendant six mois. Il retrouvera ses aptitudes graduellement. « Au bout de quelques heures, ou une journée au plus, on peut marcher tout seul. Et quelques jours après, courir », se souvient l'astronaute belge qui a passé six mois dans l'ISS. « C'est impressionnant de voir leur vitesse de récupération ! Et on a observé que lorsqu'un astronaute vole pour la deuxième fois, c'est un peu plus facile que la première », commente le Dr Golemis.
Cobaye
L'astronaute sera soumis aux mêmes tests qu'avant et pendant sa mission, afin de contribuer à la collecte de données scientifiques sur l'effet de la micro-gravité sur le corps humain. « C'est tout le corps qu'on étudie » après ce chamboulement hors du commun, résume le Dr Golemis. Certaines pathologies observées uniquement dans l'espace, où le sang circule « comme en sens inverse », sont particulièrement intéressantes. Comme ce syndrome dit « S.A.N.S », une perte d'acuité visuelle touchant certains astronautes. « Cela nous aide à mieux comprendre l'œil ».
Vacances
Bien qu'astreignant, le programme n'empêchera pas l'astronaute de voir ses proches. « Et ensuite j'espère, première semaine de vacances depuis de nombreux mois », a-t-il ajouté vendredi. « J'ai même l'impression que ça fait des années ».