Alarmes, cris d’enfants… le cerveau possède un circuit dédié pour traiter les sons « rugueux »
Publié le - par Maya Chebl
Hiiii, hiiii, hiiii… Hiiii, hiiii, hiiii ! Alarmes d’incendie, sirènes de pompiers, cris de bébés… Ces sons nous laissent rarement indifférents et sont même fort désagréables. Jusqu’à présent, la façon dont notre cerveau répond à ces types de signaux était largement ignorée. C’est en enregistrant la réponse des neurones à leur écoute que des chercheurs de l’université de Genève (Unige) révèlent l’existence d’un second circuit de l’audition : en plus du cortex auditif, il mobilise l’amygdale, l’hippocampe et l’insula ; toutes impliquées dans des réseaux neuronaux d’aversion et de saillance. « C’est la première fois que nous leur attribuons la capacité de traiter l’information auditive », souligne Luc Arnal, professeur à l’Unige et l’un des auteurs de l’étude publiée dans Nature Communications.
Mais pour qu’un son provoque un désagrément, encore faut-il qu’il accapare notre attention de manière soutenue. C’est le cas des sons « rugueux », qui possèdent la particularité de toujours nous tenir en alerte. Imaginez un papier de verre. Si votre index effleure une surface avec des gros grains, vous les distinguerez individuellement, car la distance qui les sépare est assez grande. En revanche, le papier paraîtra lisse si les grains sont de très petite taille. La raison ? Votre sensibilité tactile vous empêche de les discerner les uns des autres.
Cette notion de rugosité est également valable pour le son. Nous parlerons plutôt de modulation d’amplitude du volume ou, autrement dit, la vitesse à laquelle un son oscille d’un volume très élevé à très faible (voir nul). C’est le cas notamment des alarmes ou des cris des bébés dont la modulation d’amplitude se situe entre 40 et 80 Hz. À cet intervalle, « le son est perçu comme maximalement désagréable par les participants, précise Luc Arnal. Bien que toutes les fréquences soient représentées dans le cortex auditif, sa seule activation ne nous permettait pas de comprendre pourquoi les sons rugueux sont si désagréables », conclut le chercheur.
Dans certaines pathologies, comme l’Alzheimer, la schizophrénie ou l’autisme, un défaut d’interprétation de l’information sonore, notamment celle à 40 Hz, a longtemps été considéré comme un problème provenant du système auditif. Cette découverte lance donc les chercheurs sur une nouvelle piste : explorer le système de saillance et d’aversion de ces patients pour définir l’origine de ces réponses atypiques.