38 enfants surexposés à l’arsenic dans l’Aude
Publié le - par le blob avec l'AFP
Trente-huit enfants surexposés à l’arsenic selon le dernier bilan : 15 ans après sa fermeture, le legs de la mine d’arsenic de Salsigne (Aude), qui fut la plus grande au monde, alimente dans la région la crainte d’une pollution tenace et toxique.
Fin juin, la découverte de taux d’arsenic plus élevés que la moyenne chez trois garçonnets avait confirmé les craintes des habitants sur de possibles écoulements provenant des déchets toxiques. Le 8 juillet, un dispositif de surveillance des populations de la vallée de l’Orbiel, au nord de Carcassonne, avait été mis en place.
Un mois plus tard, les résultats sont sans appel : sur 103 enfants de 11 ans ou moins testés, 38 ont un taux d’arsenic dans l’urine par gramme de créatinine supérieur à 10 microgrammes/gramme, qui est la valeur de référence, indique mardi l’agence régionale de santé (ARS Occitanie). Dix d’entre eux ont même un taux supérieur à 15 µg/g. Dans le cas de tels dépassements, « il est recommandé d’effectuer un prélèvement de contrôle 2 mois après avoir supprimé ou limité les sources d’exposition », souligne l’ARS, pour qui « un seul dosage ne peut montrer l’exposition au cours du temps puisque c’est le reflet d’une exposition récente, et non d’une exposition chronique ». En effet, l’arsenic ne reste pas longtemps dans l’organisme : en deux jours, la moitié est éliminée dans les urines. Il faut donc répéter les prélèvements pour savoir s’il s’agit d’une exposition chronique.
Suivant cette recommandation les parents d’enfants testés au mois de juin vont à nouveau présenter des prélèvements d’urine vendredi à l’hôpital de Carcassonne. Des adultes déposeront aussi à l’occasion leurs propres prélèvements. Dans le cas de l’arsenic, l’ingestion par les habitants de certains aliments produits localement (légumes racines, légumes feuilles, champignons, plantes aromatiques…) ou d’eau de boisson contaminée « est très largement majoritaire », selon l’ARS.
« Déplacer » les déchets
Depuis 1999, des recommandations sanitaires ont été délivrées, mais des études ont mis en avant « des pratiques et des habitudes non-conformes comme par exemple l’usage d’eau provenant de puits privés ou de sources communales non contrôlés ». Plus importante mine d’or d’Europe et première mine d’arsenic du monde, Salsigne a été exploitée pendant près d’un siècle jusqu’en 2004. Mais elle a légué des millions de tonnes de déchets toxiques stockés sur cinq sites alentour, dont certains, dénoncent des associations, ont perdu de leur étanchéité. Les inondations d’octobre 2018 (14 morts) ont accru les inquiétudes quant à la pollution des sols. Des parents d’élèves de Conques-sur-Orbiel, où l’école primaire a été inondée, en appellent ainsi au président de la République, dans une pétition en ligne pour obtenir au nom du « principe de précaution », « l’ouverture d’une école provisoire hors zone potentiellement polluée » dès la rentrée prochaine.
Pour le maire de Lastours, « tant qu’on n’éradique pas la cause, on ne traite pas les problèmes ». « Il faut déplacer » les déchets toxiques stockés, réclame-t-il. Il prône aussi des tests étendus aux enfants de plus de 11 ans. À Lastours, après les inondations de l’an dernier, des taux d’arsenic élevés avaient été relevés dans la cour de l’école. Des travaux ont été réalisés, le sol creusé sur 25 cm puis goudronné et « maintenant il n’y a plus d’arsenic », affirme le maire.